Elle vit les fins comme des fins absolues.

Les fins sont horribles.

Les fins sont insupportables.

Les fins fatiguent.

Les fins la fatigue.

L’épuise.

Après les fins elle tombe de fatigue.

Son corps tout tendu et crispé devient mou et lourd.

Après les fins, il y a les débuts.

Toujours.

Elle a du mal à croire qu’il va y avoir des débuts après les fins.

C’est impossible.

Et aux débuts elle ne pense pas aux fins…

Problème récurrent mais pas sans fins.

À force de débuts…

Son cerveau intègre que les débuts vont suivre aux fins.

Que les fins sont multiples.

Que ce sont des fausses fins.

Pas une fin.

Des fins.

Et les débuts…

Les débuts se font parfois d’un coup…

Un câlin.

Une parole.

Un message.

Une réaction, une attention.

Un peu d’empathie.

Une vidéo drôle sur Internet.

Une tasse de tisane.

Les débuts se font,

pour le moment,

souvent grâce aux autres.

Impulsés par les autres.

Avec sa demande.

Elle demande …

Qu’on l’aide à avoir une impulsion.

Elle a besoin d’étayage.

Pour le moment les débuts ne se font pas, ou presque pas, seule.

Les débuts c’est la fin des larmes et de l’angoisse.

La fin du truc qui fait mal à l’intérieur.

La fin de la survie qui semble impossible.

La fin des « allez, je tiens encore 5 minutes »

La fin de l’isolement.

Les débuts sont aussi des fins.

Elle se réouvre.

Parce qu’elle sait qu’elle a le droit.

C’est possible d’être avec les autres.

Ne pas les déranger.

Elle sait qu’elle est quelqu’un.

Pas juste un cerveau insupportable et une enveloppe horrible qui déborde.

Une personne.

Comme si tout le sang ou l’énergie montée au cerveau de façon insupportable redescendait le long de son corps en s’échappant par les pieds.

La souffrance elle s’enterre.

Elle risque de faire des graines qui vont repousser.

Mais plus facilement.

Pas des gros arbres tout de suite.

Pas tout de suite les arbres.

Fini les gros arbres.

Cetait avant les énormes branches qui dépassaient de partout et qui étaient impossibles à couper.

La c’est des arbustes très pénibles et piquants.

Mais qui retournent faire leur vie dans le sol après un câlin.

Pas dans le sol après qu’elle ait essayé de se tuer, des mois d’hospitalisation, …

Dans le sol après avoir demandé de l’aide.

De l’aide avec des gens et dans la douceur.

Pas dans la douleur.

Pas en se faisant du mal.

Les fins ont changé.

Les débuts aussi.

C’est beau les débuts.

Ça fait du bien les débuts…